« Je ne vis pas le fait d’être en fauteuil roulant comme une tragédie. Le handicap ne devient une tragédie qu’à partir du moment où la société nous refuse ce dont nous avons besoin pour mener nos vies, la possibilité de travailler ou d’accéder à certains bâtiments par exemple.» J. Heuman
Lors de notre séjour à Delhi, nous avons rendu visite à l’association CAN, qui agit dans la banlieue sud de la ville en bordure d’un bidonville. Notre première surprise fut devant la taille des locaux : deux petites pièces dans lesquelles s’entassent enfants et adultes et une modeste pancarte pour annoncer la présence de l’association.
Nous sommes accueillis par Rameshwari qui est en charge du lieu. Ces deux pièces abritent lieu le matin une classe et l’après midi un petit atelier pour les personnes avec un handicap. Nous devons d’abord nous débrouiller en Hindi jusqu’à ce qu’arrive Sheema la responsable de l’association, également la fille du professeur qui a fondé l’association.
Cette association a en effet été créée sur un modèle original : il s’agit d’un « laboratoire » créé par un professeur en sciences sociales assez connu pour ses recherches dans le domaine du handicap. Il souhaitait baser ses recherches sur l’expérience du terrain et faire participer les personnes handicapées. CAN est aujourd’hui une ONG qui vise à promouvoir les droits des personnes handicapées et à servir la recherche dans le domaine du handicap.
Cette structure relativement petite emploie des chercheurs lorsqu’elle parvient à obtenir des financements pour faire des recherches. CAN cherche ainsi à mener des études sur de multiples sujets, dans le domaine du handicap : la santé, la réhabilitation, l’adaptation des bâtiments, les réglementations… Elle a ainsi mené récemment une étude majeure avec deux universités, l’une en Angleterre et l’autre en Afrique du Sud.
Elle accueille en permanence une soixantaine de personnes handicapées dans deux petits ateliers où ces dernières apprennent et pratiquent différents types d’artisanats: cartes, articles en jutes, broderie, confection de bijou, peinture sur verre…Les articles sont en général fabriqués sur commande.
Une demi-journée est bien peu de temps pour découvrir une association, aussi petite soit-elle. Nous avons eu cependant eu le temps d’apprécier la philosophie de l’association : il s’agit de rassembler les personnes qui se sentent concernées afin d’agir dès aujourd’hui pour une société qui donne tous leurs droits aux personnes handicapées. CAN n’a pas seulement pour objectif l’accueil des personnes handicapées. Elle se veut un regroupement de personnes, avec ou sans handicap, qui ont une mission: qu’il n’y ait plus de discrimination dans la société indienne envers les personnes handicapées.
Nous avons pu comprendre notamment que l’association disposait d’un réseau très important qui lui permettait de faire entendre son message et que par ses actions elle était effectivement en première ligne du combat pour la dignité des personnes handicapées.