Centre de réhabilitation - Téhéran
« Sauver une personne c’est sauver le monde »
A Téhéran des contacts franco-iraniens nous ont accompagné dans un centre de « réhabilitation pour personnes handicapés » dans le Nord de la ville.
M. Tanha nous a très gentiment fait découvrir le centre dont il est responsable. Né dans le tourbillon de la Révolution de 79, le foyer accueille à plein temps 150 adultes handicapés mentaux.
La grande maison qui abrite le centre a été donnée pour servir au soin des personnes handicapées par un opposant à la Révolution parti en exil. Rapidement dix familles avec des enfants handicapés ont démarré un centre d’accueil donnant naissance à cette association qui fait aujourd’hui partie d’un réseau en Iran prenant en charge 30000 personnes.
Le centre qui fonctionne avec des dons privés emploie des professionnels, un staff de 55 personnes comprenant médecins, infirmiers, psychothérapeutes, éducateurs spécialisés, cuisiniers…. se relayant 24/24. Comme souvent les besoins dépassent les capacités d’accueil, une liste d’attente importante attend les familles qui souhaitent faire accueillir ici leur enfant. Grâce à l’aide des donateurs, les familles participent au frais à la mesure de leur moyen ; des visites dans les familles sont organisées pour évaluer les moyens des familles.
Une organisation passe d’abord par des hommes : M. Tanha nous a parlé de son parcours, de ses motivations : psychologue de formation, ancien fonctionnaire du ministère de la santé, il a ensuite trouvé un emploi dans le centre. Petit a petit il y a appris à trouver dans la relation avec les personnes handicapées un sens particulier qui lui fait dire qu’aujourd’hui ce qui n’était pour lui qu’un travail est devenu une vocation. Sa foi est profondément à la source de son engagement : « Nous travaillons pour Dieu », l’Islam enseigne la charité. Comme chez tous les iraniens, la poésie n’est jamais loin et il nous cite Hafez : « Sauver un homme c’est sauver le monde ».
Le travail se fait dans un contexte incertain, le gouvernement iranien tentant de s’approprier la maison. Les interdits de l’Iran empêchent aussi le centre de fonctionner de manière mixte, alors que son responsable est convaincu de l’intérêt que cela présente pour les personnes handicapées ! La seule femme du centre est la responsable de l’atelier…
Concert improvisé dans l’atelier
Nous avons partagé un court moment avec les personnes handicapées. Trois groupes sont formés suivant les capacités des personnes prises en charge. Lors de notre visite, une quinzaine d’entre eux travaillaient dans un atelier de fabrication de natte, fiers et heureux de nous montrer leur réalisation. Les autres, dans le jardin qui domine la maison nous ont aussi accueilli royalement, avec la chaleur et la simplicité qui les caractérisent. Faire fonctionner une maison avec 150 personnes est une tâche remplie de difficultés, néanmoins l’un des encadrants présent depuis 15 ans nous livre la clef : « ces personnes, il faut les aimer ». D’ailleurs c’est lui qui organise chaque année pour les personnes accueillies un voyage à l’extérieur de Téhéran.
Détente dans le jardin
