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Du 21/04/09 au 14/05/09... le pakistan c'est fini!
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Photos et vidéos
Carnets de route
Lahore 05/05/09 : Arrivée au Pakistan - par Sylvain
Nous vous avions laissé à Delhi, il y a déjà un mois.
Je vous salue aujourd’hui de Lahore, Pakistan.
Assalam Aleikoum !
L’Inde est derrière nous.
Nous avons pourtant prolongé le plaisir jusqu’au bout, effectué quelques manœuvres dilatoires face au retard pris par l’établissement du visa iranien : c’est ainsi que notre triporteur a fait l’expérience la montagne, jusqu'à Shimla, à 2100 m, ancienne capitale d’été de l’empire britannique. De là nous avons prolongé en bus, dans les vallées himalayennes…où les routes creusées dans le roc donnent l’impression d’être suspendus au dessus du vide. A l’entrée d’une série de gorges, le bus s’arrête afin que le conducteur puisse aller faire ses dévotions à un petit temple voué à une divinité locale. Aucun un passager n’y trouve à redire, il ne faudrait pas se mettre la déesse à dos !
Et là-haut les montagnes enneigées, les habitations en bois et les toits de lauzes, les visages montagnards coiffés d’une petite toque a revers de velours, les abricotiers en fleurs et les drapeaux de prières bouddhistes qui nous rappellent que nous sommes à la frontière du Tibet.
Nous avons ensuite retrouvé la plaine et la région du Punjab. C’est la région des Sikhs, qui nous a donné une réelle impression de richesse. Des belles routes, des canaux d’irrigation, des moissonneuses batteuses…et de multiples drapeaux du Canada et de l’Australie : l’expatriation est forte dans cette communauté mais les Non Residential Indians, comme on les appelle, ne rompent pas les liens avec leur pays d’origine. Ils y ont d’ailleurs le droit de vote et y reviennent pour se marier, en témoignent toutes les salles de mariage le long de la route.
Notre dernière halte majeure a été Amritsar. C’est la ville sainte des Sikhs, qui viennent en pèlerinage au Temple d’or. Celui-ci abrite les livres saints et se trouve au milieu d’un bassin, dans lequel il est de bon goût de faire trempette, voire de puiser une gorgée. Tout autour un vaste cloître de marbre blanc, où déambulent les pèlerins et visiteurs. A l’extérieur enfin, les activités sociales : le temple fournit à qui veut le gîte et le couvert…le soir, les plus modestes s’étendent sur le sol, recouverts d’un vague tissu, dans un gigantesque dortoir à ciel ouvert, dans le tintement ininterrompu des gamelles.
Nous avons profité de notre halte à Amritsar pour apporter quelques améliorations à notre véhicule : un auto radio, un ventilo et des rangements supplémentaires à l’arrière. Cette dernière opération a été prise très au sérieux par deux frères sikhs, qui se sont enthousiasmés pour notre rickshaw et nous ont accueillis chez eux pendant qu’ils effectuaient les travaux.
Le triporteur se porte bien et nous nous sommes mutuellement apprivoisés. De même que les rôles dans l’habitacle sont maintenant bien au point. En dépit du guidon en position centrale, il y a bien un conducteur et un co-pilote. Le premier se concentre sur la route, c'est-à-dire qu’il doit éviter les obstacles nids de poules, chiens errants et autres vaches, garder l’œil sur les véhicules qui doublent à gauche, à droite et ceux qui arrivent en face, pas nécessairement sur la file appropriée… Il lui faut user du klaxon, voire en abuser, mais ici le klaxon est préventif, pas agressif, du style : « je vais vous doubler » plutôt que « va donc abruti ! ». C’est dans la conduite en ville que le triporteur donne toute la mesure de son potentiel. Se faufiler entre les voitures, faire demi-tour sur 2 mètres…on se laisse assez facilement submerger par le sentiment océanique propre à l’expérience indienne !
Le co-pilote gère les directions, cela va de soi. Il lui faut alors recourir bien souvent à l’intuition, selon la précision de la carte et des panneaux indicateurs. L’important étant bien sûr de demander son chemin à chaque embranchement. Cela se passe en général de la manière suivante : le co-pilote donc, sort pour demander son chemin à un quidam. Passé le premier moment d’étonnement, ce dernier va en général droit vers le triporteur discuter avec le chauffeur, forcément local, de cet occidental qui a la drôle d’idée de se balader en triporteur. Le moment amusant intervient donc quand il se rend compte que le chauffeur également a un petit air pas trop d’ici. Et puis ça finit généralement en « c’est tout droit ». Le co-pilote peut également avoir le rôle du « conductor » de bus indien, c'est-à-dire qu’il fait monter les passagers. Là encore nous avons vécu quelques moment intéressants où manifestement les passagers que nous avions pris avaient du mal à recoller les morceaux du puzzle : une sorte de transport public s’arrête à leur signe de la main, des gens bien pâles les font monter, leur parlent bizarrement et ne leur demandent pas d’argent à l’arrivée !
Deux visages de ces derniers jours en Inde : celui de Gormind, 25 ans, avec qui nous commençons à discuter dans l’enceinte du Temple d’or, puis dans un restaurant où il nous invite. Il étudié la médecine, a travaillé dans un centre d’appel, nais a quitté ce boulot qu’il n’aimait pas. Il vend maintenant des logiciels. Autre visage : celui d’une vieille femme, couvert de mouches, qu’elle semble incapable de chasser. Prostrée sur un lit de corde, juste devant la pièce où nous dormons, dans cette guest house à la frontière. Elle gémit durant toute la nuit et personne ne semble vraiment s’en soucier. Deux visages indiens.
Mais, nous voilà au Pakistan.
Le passage de la frontière n’a été qu’une formalité. Nous nous sommes intercalés entre les chargements d’oignons, avons rempli quelques papiers et en moins de 2 heures c’était fait.
Notre premier arrêt est pour Lahore, l’ancienne capitale du Punjab.
Nous sommes censés y récupérer notre visa pour l’Iran. Aujourd’hui (lundi 04 mai), deux semaines après notre arrivée, nous l’avons enfin reçu, mais cette longue attente nous aura réservé des surprises jusqu’au bout. Nous vous en dirons plus dans la prochaine lettre !
Sylvain
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Pakistan 17/05/09 : le pays de l'inattendu - par Ailred
Rapide survol d’un monde nouveau…
Pakistan, pays de l’inattendu…
Le passage au Pakistan aura dans un premier temps été marqué par une attente frustrante de notre visa iranien.
Petit retour en arrière. Asansol (West Bengal), le 13 mars : nous envoyons notre dossier de demande de visa, paiement compris. Le délai annoncé est de 5 à 7 jours, délai après lequel nous devons pouvoir récupérer notre visa de 30 jours dans le consulat de notre choix.
Hélas… On nous annonce finalement notre visa pour le 12 avril (les vacances du nouvel an iranien sont passées par là), puis, nouveau retard, entre le 22 et le 25 avril. Nous entrons donc au Pakistan le 21, espérant à Lahore mettre fin à cette longue attente. Le 25 passe, pas de visa… C’est maintenant vers le 1er mai… Les informations sont arrachées à coup de mail répétés et inquiets. Nous modifions notre programme au jour le jour, comblant l’attente par quelques sauts de puces à l’extérieur de notre route (Taxila, Islamabad, la vallée de Khagan, dans le Nord). Le 4 mai arrive le grand jour, près de deux mois après avoir fait notre demande, nous allons avoir notre visa... Mais il était dit que jusqu’au bout rien ne nous serait épargné : nous avons eu droit à un visa de … 7 jours ! 7 jours pour les 3000 km de la traversée de l’Iran : impossible avec notre rickshaw, sans parler même de vouloir découvrir autre chose que les autoroutes ! Nous avons beau protester, rien à faire ; « vous pourrez l’étendre sur place ». Et effectivement c’est aujourd’hui notre seule option (en espérant qu’elle fonctionne). Au mieux nous aurons 19 jours en Iran au total, il ne s’agit pas d’avoir un ennui sur place…
Ce visa pour l’Iran nous aura causé bien des soucis… mais le Pakistan aura su rendre ces désagréments très secondaires. Le Pakistan est semé de merveilles issues d’une histoire millénaire : Taxila, site majeur de la civilisation Gandahar, sur la route de Peshawar regroupe vestiges grecs et bouddhistes. Marchant à la suite d’Alexandre, nous arpentons ce lieu à la rencontre de deux mondes, le sous-continent indien, l’Occident. Lahore, à l’image de beaucoup de villes d’Inde, regorge de splendeurs de la période Moghole. La montagneuse vallée de Khagan, marquée en 2005 par un terrible séisme dont elle porte toujours de profondes cicatrices, nous permet d’échapper à la suractivité et la torride chaleur de la plaine. Au Sud ce sont les villes de Multan et surtout Uch Sharif qui cache dans ses ruelles une foule de tombes et mosquées d’une finesse inattendue.
Tous ces lieux sont à nous : après la cohue indienne, le vide du Pakistan… Partout nous sommes presque les seuls à en profiter. A la Youth Hostel de Taxila, le dernier client remontait à octobre 2008… Sécurité ? Difficile de parler du Pakistan sans évoquer cette question. Les médias peuvent renvoyer l’image d’un pays en déliquescence, confronté à la menace des Talibans… Mais la réalité est très contrastée. Alors que la vallée de la Swat plonge dans les combats, le reste du pays vit globalement dans le calme et la paix. Même s’il est inhabituel de devoir systématiquement se renseigner avec précaution sur les conditions de sécurité dans les zones dans lesquelles nous nous rendons, nous ne nous sommes jamais sentis en insécurité. Même lors de la traversée du Baloutchistan où nous avons été escortés pendant deux jours, les policiers, quoique lourdement armés, ne nous ont jamais paru bien inquiets. Reste que dans ce pays où plus de 800 000 personnes sont actuellement déplacées, les armes sont bien présentes dans les rues, les contrôles réguliers et si niombre de Pakistanais se sont succédés pour nous dire « nous ne sommes pas des extrémistes, nous sommes pacifiques, l’Islam est une religion de paix et d’amour », les difficultés sont latentes. A Sukkur, dans le Sind, le prêtre que nous rencontrons, nous raconte, désabusé, la mise à sac de l’église par des extrémistes il y a trois ans.
Mais malgré tout cela, ce qui marque avant tout c’est l’accueil proprement inimaginable qui nous a été réservé. Nous avons vite arrêté de faire le compte des cold drinks ou thés qui nous ont été offerts. Partout des marques de sympathies ; un soir je demande où trouver un costume à un passant, il m’accompagne à l’autre bout de la ville trouver mon bonheur, veut même payer l’achat (non mais !), avant de m’accompagner à une réunion du parti politique locale où je suis reçu avec honneur… Pendant de ce temps, un garagiste passe deux heures à réviser notre rickshaw gratuitement avec Sylvain. Raja, un habitant du Sind, près de Sukkur, nous accueille une journée dans son village. Nous ne pourrons jamais oublier ces heures à rendre visite à un nombre incalculable d’amis, à échanger, à boire le thé... Le lendemain dans le marché nous reconnaissons un tiers des gens ! Raja nous fait pénétrer dans la madrasa locale, rencontrer le mufti, visiter chaque coin du village, mais surtout nous introduit à la vie de son village. Un débordement d’attention inimaginable !
Il y a même jusqu’à la police, l’armée et l’administration qui montre une bienveillance à toute épreuve. Les check post deviennent vite notre cafétéria la plus agréable, nous logeons à Sibbi dans le bureau du chef du commissariat (pour l’anecdote la pièce à côté est la prison…), à notre arrivée à la frontière irano pakistanaise on nous fait dormir dans la douane, nous offrant gîte et couvert ! Impossible de quitter un pays et des gens si attachants sans un pincement au cœur et l’espoir que notre prochaine visite se fera dans un pays apaisé et où chacun puisse vivre dans la paix.
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